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Géorgie: «La seule sortie de cette crise, c’est l’organisation de nouvelles élections»
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Géorgie, le nouveau président Mikhaïl Kavelachvili a été investi ce matin à Tbilissi, dans un Parlement fermé à huit clos. De son côté, la cheffe de l'État sortante Salomé Zourabichvili, pro-européenne a quitté le Palais présidentiel d'Orbeliani tout en promettant de continuer la lutte. Sur le front de la mobilisation, les manifestations redoublent d’intensité, le bras de fer continue. Quelle peut-être l’issue de cette crise politique ? Thorniké Gordadzé, ancien ministre géorgien en charge des Relations avec l’Union européenne et chercheur à l’Institut Jacques Delors est l’invité international de la mi-journée de RFI. L'épilogue de ce bras de fer passe par « l'organisation de nouvelles élections avec une nouvelle administration électorale », estime t-il.
RFI : Salomé Zourabichvili avait promis de ne pas rendre son mandat sans l'organisation de nouvelles élections législatives. Finalement, ce matin, elle a quitté le Palais. Elle promet en même temps de continuer la lutte. Comment est-ce que vous interprétez ce court discours de la présidente sortante ?
Thorniké Gordadzé : Dans les jours qui ont précédé cette journée du 29 décembre, elle faisait comprendre déjà qu'elle n'allait pas se battre pour conserver le contrôle du palais présidentiel, donc ce lieu physique, à l'opposition. Et toute la société également partage cet avis, qu'il ne fallait pas procéder à l'escalade avec le gouvernement, qui était prêt à utiliser la force et à sortir la présidente par la force. Donc finalement, la présidente a déclaré, qu'elle resterait présidente et que ce pouvoir résidait en sa personne et en la légitimité populaire qu'elle a toujours. Et l'intronisation du nouveau président par le Rêve géorgien dans un Parlement fermé, à huis clos, où étaient présents seulement les membres du Rêve géorgien accompagnés de quelques personnalités du monde de l'Église, contrastait vraiment avec son discours devant des milliers de Géorgiens. Et aussi devant cette chaîne humaine qui a été organisée hier par des dizaines de milliers de Géorgiens avec les drapeaux européens dans la ville de Tbilissi.
Depuis deux mois maintenant, ces Géorgiens manifestent dans une quarantaine de villes, grandes et petites villes, de ce pays de 3,7 millions d'habitants pour montrer qu'ils ne sont pas d'accord avec ces élections falsifiées, avec ce Parlement et ce gouvernement illégitime qui, de plus, a rompu le processus d'intégration européenne — qui représentait depuis l'indépendance de ce pays l'objectif géopolitique numéro un.
Vous évoquiez les manifestations quotidiennes. Salomé Zourabichvili elle-même avait participé à ces manifestations, qu'est-ce qui va se passer maintenant, selon vous ? Que va devenir ce mouvement ? Comment le bras de fer va continuer ?
Ce mouvement va continuer. Les gens ont conscience que tout est dans la durée, tout est dans la résilience de ce mouvement. Ça porte ses fruits : il y a eu plusieurs petites victoires, notamment le début de l'érosion du socle de ce pouvoir qui réside dans le contrôle de l'administration, de la bureaucratie et de l'appareil répressif. On a vu une série de démissions, notamment au sein du ministère des Affaires étrangères, où six ambassadeurs et un adjoint du ministre ont démissionné. Il y a eu d'autres démissions dans d'autres ministères, avec des lettres et des pétitions signées par les employés du secteur public. On a vu récemment un très haut gradé du ministère de l'Intérieur, notamment celui du département qui s'occupe justement des actions anti-émeute, fuir à l'étranger et publier des interviews où il dénonce l'utilisation de l'usage de la force disproportionnée. Des ordres qui viennent directement de Moscou d'après lui, d'après l'interview qu'il a donné au journal Bild, journal allemand. C'est assez inquiétant, mais on voit que la légitimité de ce gouvernement se réduit de plus en plus et beaucoup de Géorgiens comptent sur les pressions venant de l'extérieur.
À lire aussiGéorgie: prestation de serment à huis clos pour le nouveau président Mikhaïl Kavelachvili
Sachant que les États-Unis ont récemment adopté des sanctions contre le milliardaire Bidzina Ivanichvili. Quel peut être l'impact de ces sanctions ?
C'est très important parce que, aujourd'hui, la communauté internationale - en tout cas les pays démocratiques - ne reconnaissent pas le nouveau président ni le nouveau gouvernement. Ils s'adressent à eux comme ils s'adresseraient aux représentants du parti Rêve géorgien. Les Américains ont adopté, le département du Trésor, des sanctions financières qui sont très dures à l'encontre du véritable patron du pays, le milliardaire Ivanichvili. Ils ont mis également le ministre de l'Intérieur et son adjoint dans la liste Magnitski, qui est une liste qui frappe encore plus durement ceux qui sont accusés de violations massives des droits de l'homme. Ces sanctions, avec les actions populaires dans la rue et aussi la mobilisation récente du milieu des affaires du pays, feront que, on l'espère, le gouvernement va reculer et va accepter le fait que la seule sortie de cette crise, c'est l'organisation de nouvelles élections avec une nouvelle administration électorale. Parce que l'actuelle administration électorale est complètement contrôlée par le parti au pouvoir et ce sont eux qui ont organisé cette fraude massive.
Et qu'est-ce que vous pensez de la position de l'Union européenne ? On sent des dissensions au sein de l'UE. Vous attendez une position plus ferme, plus claire ?
Évidemment, on attend beaucoup de l'Union européenne parce que la Géorgie est un pays candidat. Si c'était un pays situé sur un autre continent, sans aucune perspective européenne, on a l'habitude de voir la passivité de l'Union européenne. Mais là, il s'agit d'un pays qui est candidat à l'adhésion à l'Union européenne. Et les dissensions, ce sont principalement toujours les mêmes. C'est la Hongrie de Viktor Orban, maintenant accompagnée de la Slovaquie de Fico, qui bloquent les sanctions contre les dirigeants géorgiens.
Mais les pays membres de l'Union européenne prennent des sanctions beaucoup plus décisives sur le plan individuel. Les pays Baltes, la Pologne, ont annoncé qu'ils prendraient des sanctions. On peut progresser dans cette direction, c'est-à-dire des décisions individuelles des pays membres. Mais je n'exclus pas que dans les prochaines réunions du Conseil des affaires étrangères à Bruxelles, mais aussi lors des réunions du Conseil européen, des décisions unanimes seront prises avec la résistance, peut-être, de la Hongrie. Mais on sait que, au final, quand on exerce la pression sur Viktor Orban, il accepte, en échange de quelque chose, de ne pas bloquer les décisions des 27.
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Parallèlement, Mikhaïl Kavelachvili a donc été investi tout à l'heure. Ancien footballeur connu pour ses positions ultraconservatrices et aussi anti-occidentales, on a vu des manifestants ces derniers jours réclamer qu'il sorte ses diplômes, notamment, et critiquer son manque d'éducation. Quelle attitude, à votre avis, va-t-il adopter pour ses premiers pas de président, même contesté ?
Le problème, c'est que non seulement il n'a aucun diplôme, mais c'est aussi que Monsieur Mikhaïl Kavelachvili n'est pas une figure politique. Il a été choisi, à la surprise générale, y compris des représentants du Rêve géorgien, par le milliardaire Bidzina Ivanichvili — qui est encore une fois la personne qui est vraiment en charge du pays, de façon totalement informelle. Bidzina Ivanichvili a choisi cette personne justement pour ses qualités, ou pour ses défauts, parce qu'il ne veut pas qu'il y ait une autre source de pouvoir que sa personne dans ce pays. Il a favorisé, depuis qu'il a le pouvoir, la désinstitutionnalisation de ce pays. Et la présidence de la République, c'était la dernière institution qui lui échappait et il a mis la personne la moins qualifiée, ou la moins adéquate, à ce poste pour disqualifier complètement cette institution de la gouvernance du pays.
Donc malheureusement, ces décisions n'intéressent pas beaucoup les Géorgiens, parce que ça sera finalement les pas, ou les décisions, de Bidzina Ivanichvili qui importent. D'ailleurs, récemment, quand le président français Emmanuel Macron a essayé d'influencer un petit peu la situation, de voir la sortie de la crise géorgienne, il s'est adressé directement à cet homme qui n'a aucune fonction officielle, et non pas au Premier ministre géorgien qui n'est pas reconnu parce qu'il est élu suite à un suffrage fortement contesté. Donc le pays est gouverné de façon informelle par le milliardaire Ivanichvili et ce sont ses décisions qui importent.
Vous dites que le mouvement de protestation va continuer. Notre envoyé spécial racontait ce matin sur l'antenne qu'après le discours de Salomé Zourabichvili, les manifestants s'étaient rapidement dispersés. Ils se sont retrouvés un petit peu après. Est-ce qu'il y a eu une attente de "consignes" de la part de ces manifestants d'un ou d'une leader ? Est-ce que Salomé Zourabichvili va rester cette figure de proue ? Est-ce qu'il pourrait y en avoir d'autres ? Sachant que le gouvernement, on l'imagine, a tout intérêt à ce que cela s'essouffle.
Alors d'avoir un leader, ça a des avantages, mais aussi des désavantages. Oui, il faudrait des leaders qui influencent un peu la mobilisation, qui aient un plan. Jusqu'à maintenant, ça se fait de façon complètement informelle par les groupes qui se créent sur les réseaux sociaux. Mais c'est effectivement assez efficace. Le désavantage, c'est que dès qu'il y a un leader très fortement identifié, les autorités essayent de l'arrêter, de l'accuser. D'abord, il passe par les accusations de la propagande du régime et de tous les mots — trahison, d'être à la solde des étrangers, etc —. Ensuite, ils essayent de tout faire pour mettre cette personne derrière les barreaux. Donc jusqu'à maintenant, ce mouvement ne s'essouffle pas malgré l'absence de leaders clairement identifiés. Madame Zourabichvili, c'est l'institution, elle incarne les institutions du pays. Ce qui est curieux, c'est qu'aujourd'hui, elle est soutenue par les gens qui n'ont pas voté pour elle. Elle a été élue en 2018 par le Rêve géorgien, c'est le paradoxe de la situation.
Elle s'en est détachée.
Les gens qui la soutiennent aujourd'hui sont des gens qui n'ont pas voté pour elle, mais ils soutiennent l'institution parce que c'est la dernière institution qui a été élue démocratiquement.
À lire aussiGéorgie: dernière manifestation à la veille de l'investiture de Mikhaïl Kavelachvili
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Géorgie, le nouveau président Mikhaïl Kavelachvili a été investi ce matin à Tbilissi, dans un Parlement fermé à huit clos. De son côté, la cheffe de l'État sortante Salomé Zourabichvili, pro-européenne a quitté le Palais présidentiel d'Orbeliani tout en promettant de continuer la lutte. Sur le front de la mobilisation, les manifestations redoublent d’intensité, le bras de fer continue. Quelle peut-être l’issue de cette crise politique ? Thorniké Gordadzé, ancien ministre géorgien en charge des Relations avec l’Union européenne et chercheur à l’Institut Jacques Delors est l’invité international de la mi-journée de RFI. L'épilogue de ce bras de fer passe par « l'organisation de nouvelles élections avec une nouvelle administration électorale », estime t-il.
RFI : Salomé Zourabichvili avait promis de ne pas rendre son mandat sans l'organisation de nouvelles élections législatives. Finalement, ce matin, elle a quitté le Palais. Elle promet en même temps de continuer la lutte. Comment est-ce que vous interprétez ce court discours de la présidente sortante ?
Thorniké Gordadzé : Dans les jours qui ont précédé cette journée du 29 décembre, elle faisait comprendre déjà qu'elle n'allait pas se battre pour conserver le contrôle du palais présidentiel, donc ce lieu physique, à l'opposition. Et toute la société également partage cet avis, qu'il ne fallait pas procéder à l'escalade avec le gouvernement, qui était prêt à utiliser la force et à sortir la présidente par la force. Donc finalement, la présidente a déclaré, qu'elle resterait présidente et que ce pouvoir résidait en sa personne et en la légitimité populaire qu'elle a toujours. Et l'intronisation du nouveau président par le Rêve géorgien dans un Parlement fermé, à huis clos, où étaient présents seulement les membres du Rêve géorgien accompagnés de quelques personnalités du monde de l'Église, contrastait vraiment avec son discours devant des milliers de Géorgiens. Et aussi devant cette chaîne humaine qui a été organisée hier par des dizaines de milliers de Géorgiens avec les drapeaux européens dans la ville de Tbilissi.
Depuis deux mois maintenant, ces Géorgiens manifestent dans une quarantaine de villes, grandes et petites villes, de ce pays de 3,7 millions d'habitants pour montrer qu'ils ne sont pas d'accord avec ces élections falsifiées, avec ce Parlement et ce gouvernement illégitime qui, de plus, a rompu le processus d'intégration européenne — qui représentait depuis l'indépendance de ce pays l'objectif géopolitique numéro un.
Vous évoquiez les manifestations quotidiennes. Salomé Zourabichvili elle-même avait participé à ces manifestations, qu'est-ce qui va se passer maintenant, selon vous ? Que va devenir ce mouvement ? Comment le bras de fer va continuer ?
Ce mouvement va continuer. Les gens ont conscience que tout est dans la durée, tout est dans la résilience de ce mouvement. Ça porte ses fruits : il y a eu plusieurs petites victoires, notamment le début de l'érosion du socle de ce pouvoir qui réside dans le contrôle de l'administration, de la bureaucratie et de l'appareil répressif. On a vu une série de démissions, notamment au sein du ministère des Affaires étrangères, où six ambassadeurs et un adjoint du ministre ont démissionné. Il y a eu d'autres démissions dans d'autres ministères, avec des lettres et des pétitions signées par les employés du secteur public. On a vu récemment un très haut gradé du ministère de l'Intérieur, notamment celui du département qui s'occupe justement des actions anti-émeute, fuir à l'étranger et publier des interviews où il dénonce l'utilisation de l'usage de la force disproportionnée. Des ordres qui viennent directement de Moscou d'après lui, d'après l'interview qu'il a donné au journal Bild, journal allemand. C'est assez inquiétant, mais on voit que la légitimité de ce gouvernement se réduit de plus en plus et beaucoup de Géorgiens comptent sur les pressions venant de l'extérieur.
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Sachant que les États-Unis ont récemment adopté des sanctions contre le milliardaire Bidzina Ivanichvili. Quel peut être l'impact de ces sanctions ?
C'est très important parce que, aujourd'hui, la communauté internationale - en tout cas les pays démocratiques - ne reconnaissent pas le nouveau président ni le nouveau gouvernement. Ils s'adressent à eux comme ils s'adresseraient aux représentants du parti Rêve géorgien. Les Américains ont adopté, le département du Trésor, des sanctions financières qui sont très dures à l'encontre du véritable patron du pays, le milliardaire Ivanichvili. Ils ont mis également le ministre de l'Intérieur et son adjoint dans la liste Magnitski, qui est une liste qui frappe encore plus durement ceux qui sont accusés de violations massives des droits de l'homme. Ces sanctions, avec les actions populaires dans la rue et aussi la mobilisation récente du milieu des affaires du pays, feront que, on l'espère, le gouvernement va reculer et va accepter le fait que la seule sortie de cette crise, c'est l'organisation de nouvelles élections avec une nouvelle administration électorale. Parce que l'actuelle administration électorale est complètement contrôlée par le parti au pouvoir et ce sont eux qui ont organisé cette fraude massive.
Et qu'est-ce que vous pensez de la position de l'Union européenne ? On sent des dissensions au sein de l'UE. Vous attendez une position plus ferme, plus claire ?
Évidemment, on attend beaucoup de l'Union européenne parce que la Géorgie est un pays candidat. Si c'était un pays situé sur un autre continent, sans aucune perspective européenne, on a l'habitude de voir la passivité de l'Union européenne. Mais là, il s'agit d'un pays qui est candidat à l'adhésion à l'Union européenne. Et les dissensions, ce sont principalement toujours les mêmes. C'est la Hongrie de Viktor Orban, maintenant accompagnée de la Slovaquie de Fico, qui bloquent les sanctions contre les dirigeants géorgiens.
Mais les pays membres de l'Union européenne prennent des sanctions beaucoup plus décisives sur le plan individuel. Les pays Baltes, la Pologne, ont annoncé qu'ils prendraient des sanctions. On peut progresser dans cette direction, c'est-à-dire des décisions individuelles des pays membres. Mais je n'exclus pas que dans les prochaines réunions du Conseil des affaires étrangères à Bruxelles, mais aussi lors des réunions du Conseil européen, des décisions unanimes seront prises avec la résistance, peut-être, de la Hongrie. Mais on sait que, au final, quand on exerce la pression sur Viktor Orban, il accepte, en échange de quelque chose, de ne pas bloquer les décisions des 27.
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Parallèlement, Mikhaïl Kavelachvili a donc été investi tout à l'heure. Ancien footballeur connu pour ses positions ultraconservatrices et aussi anti-occidentales, on a vu des manifestants ces derniers jours réclamer qu'il sorte ses diplômes, notamment, et critiquer son manque d'éducation. Quelle attitude, à votre avis, va-t-il adopter pour ses premiers pas de président, même contesté ?
Le problème, c'est que non seulement il n'a aucun diplôme, mais c'est aussi que Monsieur Mikhaïl Kavelachvili n'est pas une figure politique. Il a été choisi, à la surprise générale, y compris des représentants du Rêve géorgien, par le milliardaire Bidzina Ivanichvili — qui est encore une fois la personne qui est vraiment en charge du pays, de façon totalement informelle. Bidzina Ivanichvili a choisi cette personne justement pour ses qualités, ou pour ses défauts, parce qu'il ne veut pas qu'il y ait une autre source de pouvoir que sa personne dans ce pays. Il a favorisé, depuis qu'il a le pouvoir, la désinstitutionnalisation de ce pays. Et la présidence de la République, c'était la dernière institution qui lui échappait et il a mis la personne la moins qualifiée, ou la moins adéquate, à ce poste pour disqualifier complètement cette institution de la gouvernance du pays.
Donc malheureusement, ces décisions n'intéressent pas beaucoup les Géorgiens, parce que ça sera finalement les pas, ou les décisions, de Bidzina Ivanichvili qui importent. D'ailleurs, récemment, quand le président français Emmanuel Macron a essayé d'influencer un petit peu la situation, de voir la sortie de la crise géorgienne, il s'est adressé directement à cet homme qui n'a aucune fonction officielle, et non pas au Premier ministre géorgien qui n'est pas reconnu parce qu'il est élu suite à un suffrage fortement contesté. Donc le pays est gouverné de façon informelle par le milliardaire Ivanichvili et ce sont ses décisions qui importent.
Vous dites que le mouvement de protestation va continuer. Notre envoyé spécial racontait ce matin sur l'antenne qu'après le discours de Salomé Zourabichvili, les manifestants s'étaient rapidement dispersés. Ils se sont retrouvés un petit peu après. Est-ce qu'il y a eu une attente de "consignes" de la part de ces manifestants d'un ou d'une leader ? Est-ce que Salomé Zourabichvili va rester cette figure de proue ? Est-ce qu'il pourrait y en avoir d'autres ? Sachant que le gouvernement, on l'imagine, a tout intérêt à ce que cela s'essouffle.
Alors d'avoir un leader, ça a des avantages, mais aussi des désavantages. Oui, il faudrait des leaders qui influencent un peu la mobilisation, qui aient un plan. Jusqu'à maintenant, ça se fait de façon complètement informelle par les groupes qui se créent sur les réseaux sociaux. Mais c'est effectivement assez efficace. Le désavantage, c'est que dès qu'il y a un leader très fortement identifié, les autorités essayent de l'arrêter, de l'accuser. D'abord, il passe par les accusations de la propagande du régime et de tous les mots — trahison, d'être à la solde des étrangers, etc —. Ensuite, ils essayent de tout faire pour mettre cette personne derrière les barreaux. Donc jusqu'à maintenant, ce mouvement ne s'essouffle pas malgré l'absence de leaders clairement identifiés. Madame Zourabichvili, c'est l'institution, elle incarne les institutions du pays. Ce qui est curieux, c'est qu'aujourd'hui, elle est soutenue par les gens qui n'ont pas voté pour elle. Elle a été élue en 2018 par le Rêve géorgien, c'est le paradoxe de la situation.
Elle s'en est détachée.
Les gens qui la soutiennent aujourd'hui sont des gens qui n'ont pas voté pour elle, mais ils soutiennent l'institution parce que c'est la dernière institution qui a été élue démocratiquement.
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