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À la Une: dans l’enfer de la prison de Saydnaya
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Un homme coiffé d’un keffieh rouge brandissant dans chacune de ses mains une corde avec un nœud coulant, une corde qui a sans doute servi à pendre des détenus…
On retrouve cette photo dans les journaux du monde entier. Notamment sur le site du Wall Street Journal, du Guardian, du Temps à Genève, ou encore du Times à Londres, avec ce titre : « dans la prison de Saydnaya, “l’abattoir humain“ d’Assad ».
« Toute la matinée d’hier, relate le quotidien britannique, des milliers de personnes ont gravi la colline jusqu’à Saydnaya, cette prison à la périphérie de Damas où, parmi les débris de verre et les documents jetés, ils sont venus chercher des indices sur le sort de milliers de Syriens emprisonnés, torturés et tués par le régime. Ils ont fouillé tous les documents qu’ils ont pu trouver, à la recherche désespérée de noms, de traces de leurs proches. Ils ont gratté le béton avec leurs mains et ont utilisé des marteaux pour frapper les murs, mais en vain. »
Sanglant mystère…
« À la prison de Saydnaya, l’espoir brisé des familles de disparus », soupire Le Monde à Paris. « Des milliers de personnes se sont rendues à la prison depuis sa libération par les rebelles, attirées par la rumeur de la présence de détenus dans les sous-sols de l’enceinte. Cette nuit, les secouristes ont terminé leurs recherches, qui n’ont révélé “aucune zone non ouverte ou cachée au sein de l’établissement“. »
En effet, complète Le Soir à Bruxelles, « les informations restent floues. Dans un premier temps, une partie des prisonniers auraient été libérés : toute une aile de la prison serait restée hors d’atteinte, les anciens gardiens étant les seuls à pouvoir actionner le mécanisme d’ouverture de ce bâtiment. Que reste-t-il dans les sous-sols de Saydnaya ? Rumeurs et informations se mélangent, tant le dictateur syrien avait cultivé le sanglant mystère. »
En tout cas, martèle Libération, « ce n’est même pas une prison, mais un abattoir où des dizaines de milliers d’hommes et de femmes ont été exécutés dans des souffrances atroces, certains y auraient été emmurés vivants, le bâtiment comptant plusieurs étages sous terre. En 2017, Amnesty International avait tiré la sonnette d’alarme, publiant de nombreux témoignages accablants de détenus libérés, d’anciens gardiens ou d’anciens juges. Un rapport qui n’a malheureusement eu aucun impact sur la communauté internationale. N’ayons pas peur des mots, s’exclame encore Libération : le sadisme et la cruauté avec lesquels les hommes de Bachar torturaient ceux qui passaient entre leurs mains rappellent par leur ampleur et leur côté systémique les méthodes employées par les nazis. Et l’on ne sait pas encore tout. »
Début de normalisation…
Dans le même temps, à Damas, après les scènes de liesse hier et avant-hier, « les rebelles tentent de rétablir l’ordre », pointe El Pais à Madrid. « Dans la capitale, on compte les magasins ouverts sur les doigts de la main. Au milieu de la circulation, il y a un mélange d’incertitude et de joie. Certaines voitures circulent avec ce qu’on appelle le drapeau de l’indépendance, à trois étoiles, qui a déjà commencé à flotter officiellement. (…) La tentative précipitée des rebelles d’établir un semblant d’ordre devient peu à peu perceptible dans les rues, poursuit le quotidien espagnol. Deux hommes en uniforme militaire banalisé font office d’agents de sécurité à un carrefour très fréquenté. Ils sont postés à l’entrée d'un commissariat incendié la veille. On ne sait pas très bien ce qu’ils gardent, car il ne reste que des documents noircis par l’incendie et des meubles mis au rebut. »
Et maintenant ?
Quel avenir pour la Syrie et son peuple martyrisé ? « Le défi qui attend Ahmed al-Chareh, le nouvel homme fort de Damas, est incommensurable », s’exclame Le Figaro à Paris. « Comment gouverner une Syrie littéralement ravagée par près de quatorze années de guerre civile, où 90 % de la population sont plongés dans la pauvreté, un pays morcelé ethniquement, religieusement, politiquement, et dont de vastes zones échappent au pouvoir de Damas ? Les exemples de l’Irak, de l’Afghanistan et de la Libye n’invitent guère à l’optimisme. Le pire sera évité, estime Le Figaro, si al-Chareh tient sa promesse d’institutions incluant toutes les composantes de la société, s’il parvient à préserver l’intégrité territoriale du pays et se cantonne à un projet national, dénué d’expansionnisme ou de prosélytisme. La “victoire pour la nation islamique“ (comme il l’affirme) n’inclut sûrement pas celle de la démocratie. »
323 episodi
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Un homme coiffé d’un keffieh rouge brandissant dans chacune de ses mains une corde avec un nœud coulant, une corde qui a sans doute servi à pendre des détenus…
On retrouve cette photo dans les journaux du monde entier. Notamment sur le site du Wall Street Journal, du Guardian, du Temps à Genève, ou encore du Times à Londres, avec ce titre : « dans la prison de Saydnaya, “l’abattoir humain“ d’Assad ».
« Toute la matinée d’hier, relate le quotidien britannique, des milliers de personnes ont gravi la colline jusqu’à Saydnaya, cette prison à la périphérie de Damas où, parmi les débris de verre et les documents jetés, ils sont venus chercher des indices sur le sort de milliers de Syriens emprisonnés, torturés et tués par le régime. Ils ont fouillé tous les documents qu’ils ont pu trouver, à la recherche désespérée de noms, de traces de leurs proches. Ils ont gratté le béton avec leurs mains et ont utilisé des marteaux pour frapper les murs, mais en vain. »
Sanglant mystère…
« À la prison de Saydnaya, l’espoir brisé des familles de disparus », soupire Le Monde à Paris. « Des milliers de personnes se sont rendues à la prison depuis sa libération par les rebelles, attirées par la rumeur de la présence de détenus dans les sous-sols de l’enceinte. Cette nuit, les secouristes ont terminé leurs recherches, qui n’ont révélé “aucune zone non ouverte ou cachée au sein de l’établissement“. »
En effet, complète Le Soir à Bruxelles, « les informations restent floues. Dans un premier temps, une partie des prisonniers auraient été libérés : toute une aile de la prison serait restée hors d’atteinte, les anciens gardiens étant les seuls à pouvoir actionner le mécanisme d’ouverture de ce bâtiment. Que reste-t-il dans les sous-sols de Saydnaya ? Rumeurs et informations se mélangent, tant le dictateur syrien avait cultivé le sanglant mystère. »
En tout cas, martèle Libération, « ce n’est même pas une prison, mais un abattoir où des dizaines de milliers d’hommes et de femmes ont été exécutés dans des souffrances atroces, certains y auraient été emmurés vivants, le bâtiment comptant plusieurs étages sous terre. En 2017, Amnesty International avait tiré la sonnette d’alarme, publiant de nombreux témoignages accablants de détenus libérés, d’anciens gardiens ou d’anciens juges. Un rapport qui n’a malheureusement eu aucun impact sur la communauté internationale. N’ayons pas peur des mots, s’exclame encore Libération : le sadisme et la cruauté avec lesquels les hommes de Bachar torturaient ceux qui passaient entre leurs mains rappellent par leur ampleur et leur côté systémique les méthodes employées par les nazis. Et l’on ne sait pas encore tout. »
Début de normalisation…
Dans le même temps, à Damas, après les scènes de liesse hier et avant-hier, « les rebelles tentent de rétablir l’ordre », pointe El Pais à Madrid. « Dans la capitale, on compte les magasins ouverts sur les doigts de la main. Au milieu de la circulation, il y a un mélange d’incertitude et de joie. Certaines voitures circulent avec ce qu’on appelle le drapeau de l’indépendance, à trois étoiles, qui a déjà commencé à flotter officiellement. (…) La tentative précipitée des rebelles d’établir un semblant d’ordre devient peu à peu perceptible dans les rues, poursuit le quotidien espagnol. Deux hommes en uniforme militaire banalisé font office d’agents de sécurité à un carrefour très fréquenté. Ils sont postés à l’entrée d'un commissariat incendié la veille. On ne sait pas très bien ce qu’ils gardent, car il ne reste que des documents noircis par l’incendie et des meubles mis au rebut. »
Et maintenant ?
Quel avenir pour la Syrie et son peuple martyrisé ? « Le défi qui attend Ahmed al-Chareh, le nouvel homme fort de Damas, est incommensurable », s’exclame Le Figaro à Paris. « Comment gouverner une Syrie littéralement ravagée par près de quatorze années de guerre civile, où 90 % de la population sont plongés dans la pauvreté, un pays morcelé ethniquement, religieusement, politiquement, et dont de vastes zones échappent au pouvoir de Damas ? Les exemples de l’Irak, de l’Afghanistan et de la Libye n’invitent guère à l’optimisme. Le pire sera évité, estime Le Figaro, si al-Chareh tient sa promesse d’institutions incluant toutes les composantes de la société, s’il parvient à préserver l’intégrité territoriale du pays et se cantonne à un projet national, dénué d’expansionnisme ou de prosélytisme. La “victoire pour la nation islamique“ (comme il l’affirme) n’inclut sûrement pas celle de la démocratie. »
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