Jasinski, architecte moderniste : un autodidacte radical

Un Jour dans l'Histoire

Nous sommes le 15 décembre 1933. Dans le numéro 13 de la revue « Bâtir », crée l’année précédente, relayant les tendances de la Belgique de l’Entre-deux-guerres, on peut lire un article intitulé : « Architecture d’orgueil et de misère – La ville au cœur pourri ». Il est signé par Stanislas Jasinski, architecte, membre de l’Association de Décorateurs et Ensembliers Modernes. « Qu’est-ce que l’architecture d’aujourd’hui ? Qu’est-ce que la construction ? Où en est, de par le monde, cette activité, ou , plus exactement, cette industrie qui groupe d’innombrables travailleurs et techniciens de tous les corps d’état en grande partie réduits au chômage ? Faut-il croire, avec Berlage, qu’elle reflète exactement l’état dans lequel se trouve la Société qu’elle encadre ? Les jeunes estiment que le moment est venu de faire le bilan des méfaits du conformisme et de les laisser tenter eux aussi une expérience. Il n’est plus temps, en effet, de nier l’évidence et de reporter à plus tard l’audience des nouvelles générations. Nous avons éprouvé que les vieux pilotes avaient la vue faible el que leurs actions n’étaient que simulacre. Nous voulons faire quelque chose, n’importe quoi, pourvu que ce soit utile. Nous voulons démolir – nous savons pourquoi – et nous voulons rebâtir – nous savons comment ! La maison de l’homme de 1880, de 1890, ne nous convient plus. Nous a-t-elle jamais convenu ? Vieille à peine de cinquante ans, souvent moins, elle s’est révélée à ce point impratique et inadaptable que progressivement, les unes après les autres, on est contraint de les abandonner. Des rues entières constituées de ce vieux type d’immeubles se vident de leurs habitants, des quartiers vieillis se désaffectent et meurent de leur mort naturelle. Où sont-ils allés, où vont-ils, où iront-ils ces anciens habitants des maisons abandonnées ? Nous les avons suivis. Dépouillant la gangue déprimante de l’habitude et désireux d’épouser les normes nouvelles, ils s’acheminent progressivement vers l’immeuble moderne, rationnellement conçu, où ils réalisent enfin les conditions d’une vie plus confortable et partant plus heureuse. » Etoile montante de l’architecture moderniste, Stanislas Jasinski a côtoyé les personnalités marquante de son époque : Horta, van de Velde, Le Corbusier, mais aussi Magritte… On lui doit l’hôpital Bordet, à Bruxelles ou l’aéroport de Deurne près d’Anvers. Et surtout des immeubles à appartements de haut standing. Le recyclage permanent de la ville, son idée maîtresse, en font, peut-être, l’un de pionniers de l’écologie. Partons sur ces traces … Avec nous : Yaron Pesztat, curateur Architecture moderne au CIVA ( Centre International pour la Ville, le Paysage et l’Architecture) de Bruxelles. Exposition « Stanislas Jasinski – Un architecte moderniste (1901-1978) », au CIVA. Sujets traités : Stanislas Jasinski, architecte, Belgique, Horta, van de Velde, Le Corbusier, Magritte, l’hôpital Bordet, écologie

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