Charlie Hebdo lance un concours de caricatures de Dieu, dix ans après l'attentat [5/5]

Reportage France

Une série de reportages consacrés à la thématique du rire. C'est ce que vous propose RFI toute cette semaine. Et ce matin, nous rions de Dieu avec le journal satirique Charlie Hebdo. Le 7 janvier 2015, un commando terroriste pénétrait dans la rédaction du journal et abattait froidement plusieurs dessinateurs de presse membres de Charlie comme Cabu, Tignous, Wolinski, Charb ou Honoré. Dix ans plus tard, Charlie Hebdo n’a rien abandonné de son humour grinçant et vachard, au point de lancer, il y a quelques jours, un concours international de caricatures pour « rire de Dieu » et dénoncer « l'emprise de toutes les religions ».

Paris, dans un immeuble du IXᵉ arrondissement. C'est à l'agence qui gère la communication de Charlie Hebdo que nous rencontrons Gérard Biard, le rédacteur en chef du journal. Dix ans après l'attentat de janvier 2015, il demeure impossible de réaliser la moindre interview dans les locaux de l'hebdomadaire satirique. L'adresse est tenue secrète, car Charlie est toujours menacé, ce qui ne l'a pas dissuadé de lancer ce concours de caricatures de Dieu. Gérard Biard en a déjà reçues quelques-unes.

« Les plus intéressantes sont celles qui sont sans paroles. Parce que le monde entier comprend, il n'y a pas besoin de traduction. C'est le genre de dessin très dur à exécuter et à réussir, mais quand c'est réussi, c'est imparable », explique-t-il.

Une soixantaine de caricatures ont d'ores-et-déjà été reçues et commencent à être étudiées. Avec ce concours, Charlie Hebdo rappelle qu'il n'a rien perdu de sa ligne éditoriale anticléricale et viscéralement opposée au pouvoir de Dieu. « Dieu c'est une idée comme une autre, pointe Gérard Biard. Elle n'est pas moins respectable que les autres, mais elle n'est pas plus respectable que les autres. Donc, comme toutes les idées, on a le droit d'en rire, on a le droit de s'en moquer, on a le droit de la contester, se moquer de ce que Dieu incarne. On aime aussi se moquer de ceux qui prétendent parler au nom de Dieu ou des Dieux, parce qu'il y a des milliers de divinités à travers le monde, donc il y a de quoi rire ! »

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« Il y aura peut-être des surprises ! »

C'est bien pour cette raison que le concours est ouvert à des dessinateurs du monde entier, car rire de Dieu est une pratique universelle, estime Gérard Biard : « Tout le monde a envie de rire de Dieu, partout dans le monde. Il n'y a pas un endroit dans le monde où quelqu'un, à un moment dans sa vie, y compris le plus fervent des croyants, n'a pas blasphémé. Ça n'existe pas. » Le rédacteur en chef du journal satirique s'attend à recevoir des caricatures différentes en fonction des pays, des cultures et des religions :

« Si des dessinateurs indiens nous envoient des caricatures, j'imagine qu'elles vont être très fouillées, parce qu'ils en ont des milliers, de divinités ! Donc il va falloir déjà qu'ils choisissent un Dieu ! Pour les religions monothéistes, c'est pratique, mais alors dans certains pays, bon courage ! », s'esclaffe-t-il.

Ce concours est aussi, et peut-être, une façon de prendre le pouls, la température et se rassurer quant à l'état de santé de la caricature, dix ans après l'attentat : « ll y a l'idée de se demander ce que les dessinateurs et dessinatrices, à travers le monde, s'autorisent à faire à partir du moment où on leur dit qu'ils ont le droit de le faire. Ce qui sera intéressant, c'est de voir de quel pays, de quelle culture proviennent les caricatures les plus virulentes. Il y aura peut-être des surprises. » Des surprises et des caricatures dont les plus réussies seront publiées dans un numéro spécial de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2025.

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